I msacchini al convegno mondiale ex JECI/3

Relazione di Isabella Nespoli, ex JECI-MIEC team europeo, oggi Director of InterFaith Affairs del Word Jewish Congress a Bruxelles

La gouvernance d’un Monde Interculturel et Multi-Religieux : Quel les sont les Stratégies à mettre en Place ?

…La dimen sion reli gieuse est une carac té ri sti que indé nia ble et incoer ci ble de l’être et de l’agir de l’homme, la mesure de la réa li sa tion de son destin et de la con struc tion de la com mu nauté à laquelle il appar tient. Par con sé quent, quand l’individu lui-même ou ceux qui l’entourent négli gent ou nient cet aspect fon da men tal, se créent des désé qui li bres et des con flits à tous les niveaux, aussi bien au plan per son nel qu’au plan inter per son nel…
…Il me sem ble que la société, ses respon sa bles et l’opinion publi que se ren dent compte aujourd’hui davan tage, même si ce n’est pas tou jours de façon exacte, de cette grave bles sure por tée con tre la dignité et la liberté de l’homo reli gieux, sur laquelle j’ai tenu, à de nom breu ses repri ses, à atti rer l’attention de tous…
Extraits du Discours du Pape Benoît XVI aux mem bres du Corps Diplo ma ti ques accré dité près du Saint-Siège, jan vier 2011.
Quinze minu tes pour « essayer » de répon dre à la que stion posée par l’équipe inter na tio nale de la Jeci, mais qui est égale­ment posée par les événe ments de ces der niers mois, pas facile, pas évident.
Mon exposé ne sera pas juri di que ou socio lo gi que, car je ne suis ni l’un ni l’autre, mais plu tôt une nar ra tion, un récit de vie.
Si dans un passé récent, la coe xi stence des reli gions et des com mu nau tés reli gieu ses était un défi quo ti dien en Occi dent qui pou vait être résumé aisé ment par une expres sion style « le vivre-ensemble», il est vrai qu’aujourd’hui cette que stion est devenu beau coup plus dra ma ti que ou, au moins, plus char gée des ten sions, et quinze minu tes ne per met tent pas une ana­lyse ni peut-être même pas un ape rçu clair des stra té gies à met tre en place, et ainsi don ner des répon ses sati sfai san tes pour tout le monde.
Essayons donc de voir ce qu’on peut envi sa ger de dire.
Il faut d’abord com pren dre ce que nous vou lons énon cer par le mot « gou ver nance » ou au moins ce qu’il est con venu — depuis l’année 2001, année au cours de laquelle la Com mis sion euro péenne a fait écrire comme sa défi ni tion de gou ver­nance dans le « Livre Blanc » de la gou ver nance euro péenne – de com pren dre par « gou ver nance ».
Le mot indi que un ensem ble des règles, des pro ces sus et des com por te ments qui gou ver nent l’exercice des pou voirs, en par ti cu lier du point de vue de l’ouverture, de la par ti ci pa tion, de la respon sa bi lité, de l’efficacité et de la cohé rence. La notion de « gou ver nance » a évolué et elle a pris en compte le fait que les auto ri tés insti tu tion nel les n’ont plus le mono pole de la respon sa bi lité, que d’autres acteurs sociaux peu vent et doi vent être asso ciés aux pro ces sus déci sion nels, ou au moins récla mer d’y être asso cié. Mais je dirais que, sur tout, ce qui a évolué dans le con cept de « gou ver nance » c’est qu’aujourd’hui, en cas de crise, aucun acteur ne peut plus pré ten dre résou dre seul les pro blè mes posés par la mon dia li sa­tion et la glo ba li sa tion.
Il me sem ble évident alors que les reli gions peu vent et doi vent se posi tion ner égale ment en tant qu’acteurs actifs de la gou­ver nance, pou vant ainsi poser de manière légi time la que stion de leur par ti ci pa tion à part-entière en qua lité de par te nai res dans ce pro ces sus. Mais, et ceci est beau coup plus com pli qué évide ment, de quelle manière y par ti ci per?
Les reli gions ne gou ver nent pas, pas dans le sens insti tu tion nel du terme, mais elles rap pel lent le besoin d’atteindre ensem ble le bien com mun. Elles pro po sent bien évide ment une vision dif fé rente de la « gou ver nance » qui est spé ci fi que aux reli gions, ou qui, en tous cas, devrait leur être spé ci fi que: ouver ture à l’autre, par ti ci pa tion à la vie com mu nau taire, respon sa bi lité com mune dans un équi li bre à attein dre entre la par ti ci pa tion de tous et la respon sa bi lité de cha cun.
Cepen dant, le sujet aborde la « gou ver nance » dans un cadre mul ti cul tu rel et sou vent les dif fi cul tés sont liées aux mots qui ont un sens dif fé rent en fonc tion de leur cadre d’interprétation. Je dirais que déjà une des pre miè res tâches du dia lo gue inter re li gieux est celle de par ler, de cher cher ensem ble une voie, une com pré hen sion, sans jamais vou loir en faire un instru ment de perte de son iden tité. Mais si les deux prin ci pes de la gou ver nance sont la par ti ci pa tion et la respon sa bi lité, alors nous pou vons voir en quoi les reli gions peu vent con tri buer dans la con struc tion d’une « bonne gou ver nance ».
Les reli gions devra ient con tri buer à éduquer et à rap pe ler ce qu’une société est tenu de pro cu rer à ses citoyens: justice, soli da rité, liberté, paix. Sans tout cela, il n’est pas de bien com mun qui soit réa li sa ble. Les évène ments qui sont en train de secouer les pays de la Médi ter ra née, comme ceux qui, il y a vingt-ans, ont secoué les pays du bloc sovié ti que, mon trent que la liberté doit être respec tée et non accor dée comme une faveur par un quel con que pou voir.
Nous avons parlé de par ti ci pa tion. Selon ce prin cipe, tout le monde a le droit et le devoir de par ti ci per au bien com mun. Cha que per sonne comme cha que état doit être en con di tion de pou voir déve lop per ses com pé ten ces sans en être exclu ni en rai son de la cou leur de sa peau, de sa reli gion ou de son orien ta tion sexuelle. Cette ten sion com mune vers des inté rêts mutuels per met le déve lop pe ment et le pro grès social de tous. Cela nous écarte d’une cer taine manière de la logi que libé­rale ou néo li bé rale domi nante, selon com ment on pré fère l’appeler, selon laquelle in fine cha que per sonne a sa vision pro­pre de la vie et peut déci der d’être acteur sans trop se préoc cu per d’engager les autres dans son pro ces sus de déci sion et d’action.
Par ti ci pa tion, mais aussi respon sa bi lité, il y égale ment cette autre don née pour une bonne gou ver nance, pour laquelle, nous pen sons qu’une action com mune doit être accor dée même au plus petit capa ble de trou ver un solu tion au pro blème avec ses for ces pro pres, avec la con vic tion que cha que per sonne peut aller le plus loin pos si bles par lui-même, avant que la com mu nauté vienne en aide ou en sou tien. Cela demande de la part de la société de ne pas écar ter comme socia le ment « impro duc tif » tout ce qui ne fonc tionne pas selon des cri tè res de pro duc ti vité, mais cela demande aussi à la société aux niveaux supé rieurs d’analyser ensem ble avec les par ties plus fra gi les de la société et de pren dre ses respon sa bi li tés après avoir dia lo gué avec tous les acteurs en que stion.
Le « bien com mun » devient donc la base d’un dia lo gue avancé entre « reli gions et insti tu tions ».
Mais com ment faire pas ser le mul ti cul tu rel ou le multi-religieux dans la dimen sion de la gou ver nance ? D’abord, cer tai ne­ment en par tant d’une per spec tive occi den tale, il suf fit de pro non cer des mots tels « inter cul tu rel et multi-religieux » pour que l’on pense immé dia te ment à « Islam ». A ce sujet, il suf fit de sui vre le débat suscité par les repré sen tants poli ti ques comme Angela Mer kel, Nicho las Sar kozy, David Came ron, Marine Le Pen sur la que stion de la fin ou non du modèle « mul­ti cul tu rel » en Europe en tant que modèle d’intégration sociale. La con sé quence de ces der niè res semai nes est plus au moins la même par tout: un débat très animé s’est pro duit sur la reli gion musul mane et sur sa faculté à s’adapter à la cul ture occi den tale.
Les évène ments du 9/11 à New York, les atten tats de Lon dres et Madrid, les guer res en Irak et Afgha ni stan, et les ten sions qui ont suivi ont sûre ment vu chan ger les don nées du « vivre ensem ble » des reli gions sur tout en Europe occi den tale, dont je par lais au début.
Cepen dant, même après les évène ments pas sés et face au vent nou veau qui tra verse le monde musul man au Pro che Orient, le débat sur le « mul ti cul tu ra li sme » demeure rem pli de para do xes et de sté réo ty pes. Selon moi, la pre mière démar­che pour un dia lo gue inter cul tu rel devrait être, non seu le ment de com pren dre l’autre, mais de « tail ler en pièce » les sté réo­ty pes.
Tout d’abord, il faut aussi que nous, occi den taux, soyons con scients que l’Occident poli ti que, n’est pas homo gène en matière de régime reli gieux. La réa lité euro péenne est très dif fé ren ciée entre elle, et l’Europe n’est pas les Etats-Unis. On est donc loin de pou voir affir mer qu’il exi ste un modèle uni que, et, encore moins, qu’il y ait un modèle par fait, l’un plus « démo cra ti que » que l’autre, une société dans laquelle les rela tions Église – État sont les meil leu res.
Les cri ses des modè les d’intégration « mul ti cul tu rel » et de l’ « assimilation » ont mon tré que sur le plan de l’intégration, les socié tés occi den ta les ont en par tie échoué.
Mais en Europe, par peur des extré mi smes reli gieux nous som mes en train de réduire la reli gion plus encore à la sim ple sphère pri vée. Dans les ten ta ti ves de légi fé rer face aux deman des des com mu nau tés musul ma nes, on essaye en réa lité de réduire la dimen sion reli gieuse comme sim ple et uni que dimen sion per son nelle et pri vée. D’un côté nous avons des actes qui sem blent frap per plus les com mu nau tés musul ma nes en Europe, comme l’interdiction des mina rets en Suisse, l’interdiction du voile à l’école en France, la discus sion sur l’interdiction de la burqa en Bel gi que, la dif fi culté de pra ti quer cer tains rites musul mans. Mais en même temps, il y a de plus en plus de débats qui remet tent en cause l’ensemble des com mu nau tés: ainsi, pour les com mu nau tés jui ves la que stion de l’abattage rituel, de la per mis sion de la cir con ci sion, du port de la kipa comme signe distinc tif reli gieux, et pour ce qui con cerne les chré tiens, les débats et déci sions sur le port des signes d’appartenance de la foi chré tienne.
A juste titre et vu ce qui se passe dans d’autres coins du monde, les Euro péens peu vent avoir d’eux même une repré sen ta­tion assez élevée de la liberté reli gieuse chez eux, car, per sonne ne vit d’interdiction de pra ti quer sa foi, per sonne n’est discri mi née socia le ment pour son appar te nance reli gieuse, et per sonne n’est per sé cuté au nom d’un Dieu. Cepen dant, pour pou voir se pro non cer sur les pra ti ques des autres il faut avoir le cou rage de se regar der soi-même, et com pren dre quand nous deman dons la liberté pour les mino ri tés reli gieu ses com ment nous la deman dons.
Le 9 février passé, Richard Pra squier, le pré si dent du Con seil Repré sen ta tif des Insti tu tions Jui ves de France, lors de son discours au dîner du CRIF, a rap pelé une phrase d’Albert Camus: la démo cra tie est la loi de la majo rité avec la pro tec tion des mino ri tés. Romano Prodi au cours de sa pré si dence de la Com mis sion Euro péenne, qu’il avait tenu à com men cer par la visite du camp d’Auschwitz, aimait rap pe ler que l’Europe est un ensem ble de mino ri tés qui se respec tent entre elles.
Nous ne vou lons pas que le dia lo gue soit juste une écoute, un bavar dage, ni que le mul ti cul tu ra li sme soit une sim ple et vide jux ta po si tion de com mu nau tés dif fé ren tes, un col lage de mino ri tés, nous vou lons que soit le début de la con struc tion d’une société qui respecte tou tes ses com mu nau tés reli gieu ses.
Il sem ble donc dif fi cile de tirer des con clu sions défi ni ti ves car la situa tion des reli gions en Europe est variée et com plexe. Nous som mes d’accord que la liberté de reli gions et de cul tes, des pra ti ques et des pos si bi li tés de se con ver tir sont assu­rées et garan ties par les con sti tu tions et les lois fon da men ta les des pays, mais il n’y a pas for cé ment un sta tut par ti cu lier pour les reli gions et tout ceci dans une myriade des systè mes légi sla tifs dif fé rents. Sûre ment, le plus dif fi cile à expor ter me sem ble être le régime de sépa ra tion entre l’État et l’Église tel qu’il exi ste en France, ou en tout cas il ne sem ble pas aussi facile que le débat tend par fois à le lais ser sup po ser. On peut discu ter à perte de vue à pro pos du modèle d’assimilation à la fra nçaise, mais il me sem ble, par con tre, que le modèle légi sla tif ne con sti tue pas un modèle que l’on pour rait trans po ser faci le ment tel qu’il est dans n’importe quel autre état ou société euro péenne et non euro péenne.
Cha que modèle puise ses raci nes dans une histoire pro pre, et dif fi cile à impo ser aux autres. Je pense que, bien sou vent, dans les discus sions sur le système d’intégration cul tu rel cha cun de nous pousse par fois très haut d’une côté la barre de l’idéalisme et de l’autre aussi de la non con nais sance de l’histoire des autres et de ses pro pres raci nes cul tu rel les. Bien évidem ment, pour faire face à une crois sance expo nen tielle des discours popu li stes et d’extrême-droite qui bana li sent de plus en plus la xéno pho bie et le raci sme, qui déna tu rent la coha bi ta tion en sim ple tolé rance de l’autre, nos amis démo cra­tes fra nçais doi vent avoir le droit et le devoir de rap pe ler à ces fran ges extré mi stes que le modèle d’intégration fra nçais, com mencé avec la fameuse loi de 1905. « Fameuse » parce qu’elle le com men ce ment de tout débat sur la laï cité en France. Une loi née de con flits, accords et modi fi ca tions, con te nant des prin ci pes non négo cia bles pour la coha bi ta tion, capa ble de main te nir à l’écart à la fois les idéo lo gues et les extré mi stes.
Je com prends par fai te ment que cette loi reste pour la majo rité LA sen ti nelle con tre les déra pa ges, à la fois un sym bole de cohé sion et d’impartialité dans une société de plus en plus mul ti cul tu relle et à la recher che de rem parts éthi ques et spi ri­tuels. Cepen dant le modèle de laï cité à la fra nçaise, est et reste, à mon avis, le résul tat de con flits, de com pro mis et de choix pro pres aux Fra nçais et qui s’enracine dans l’histoire fra nçaise.
Pas tou jours facile à trans po ser et pas tou jours non plus dans l’esprit ori gi naire fra nçais, si on voit les expé rien ces dans les pays d’Afrique du Nord, en Tur quie et en Syrie. Les évène ments de ces der niè res années, et des ces der niers mois, ont mon tré que dans ces pays même pas la reli gion musul mane a été à l’abri des ingé ren ces des gou ver ne ments, pour ne pas par ler des per sé cu tions vis-à-vis les com mu nau tés chré tien nes.
Et l’Occident n’est pas seu le ment l’Europe, il y a les Etats-Unis, qui nous sur pren nent tou jours nous euro péens pour l’espace que la reli gion a et con ti nue d’avoir dans la poli ti que et dans la société civile. Aux Etats-Unis, il est fon da men tal d’offrir à cha que com mu nauté reli gieuse un espace où les fidè les puis sent pra ti quer sans inter fé rence non seu le ment d’un état plus au moins con fes sion nel, mais aussi sans inter fé rence d’une auto rité reli gieuse dog ma ti que qui vou drait inter dire leur pra ti que. Tou jours et aussi dif fi cile à com pren dre pour les euro péens, la société mul ti cul tu relle amé ri caine s’est donné un système légi sla tif sécu lier — où par ail leurs les hom mes poli ti ques peu vent décla rer publi que ment leur appar te nance reli gieuse sans scan da li ser per sonne — pour empê cher que l’état puisse s’immiscer dans les affai res des reli gions.
On pour rait discu ter des heu res durant de l’usage poli ti que des reli gions aux Etats-Unis, mais pour ne pas se per dre, je dirais, à par tir de mon expé rience, que cha que pays occi den tal a pensé avoir trouvé un système légi sla tif qui lui con ve nait, et qui a plus au moins rési sté jusqu’à pré sent. De toute manière en Occi dent on peut affir mer qu’en règle géné rale, on respecte la liberté de con science, de reli gion et de culte, mais elles sont respec tées parce qu’il y a égale ment des systè mes de défense juri di que natio naux et inter na tio naux, aux quels, dans la for mu la tions de ces lois, de nom breux croyants ont apporté leur con tri bu tion.
Je pense qu’on doit s’approcher à la der nière phase du titre: quel les stra té gies pour vivre ensem ble et ensem ble dans une dignité égale pour tous les citoyens.
Ruth Tur ner, de reli gion catho li que, jeune chef de direc tion de la Tony Blair Faith Foun da tion, a déclaré dans une inter view au Tele graph du 17 février der nier, que, selon elle, le dia lo gue inter re li gieux est l’antidote à l’extrémisme, et elle a ajouté ne pas com pren dre pour quoi les poli ti ciens met tent la reli gion dans la « boîte à pro blè mes » — pour ne pas s’y con fron ter – alors que dans le monde les reli gions pren nent de plus en plus de place dans les rela tions humai nes.
Le respect des mino ri tés, égale ment des mino ri tés reli gieu ses, est en train de deve nir un des plus grands défis des socié tés con tem po rai nes, mais cette gestion des mino ri tés a comme élément fon da men tal démo cra ti que la con cep tion que nous avons de cette diver sité cul tu relle gran dis sante.
Pour en reve nir à la défi ni tion de « gou ver nance » ; Com ment voulons-nous que cette diver sité reli gieuse ne soit ni sim ple « tolé rance », ni con flit mais se tran sforme en richesse socio-culturelle ? Com ment répon dre à la diver sité ? Com ment gérer ensem ble la diver sité pour ensuite se poser la que stion de com ment s’imaginer l’avenir pour nos enfants ?
Bien sûr, nous allons répé ter que nous devons appren dre à vivre ensem ble et le faire dans le respect de cer tai nes con di­tions chez nous, pour pou voir ensuite se bat tre aussi chez les autres pour le respect des droits de l’homme, la démo cra tie, pour la dignité égale entre homme et femme.
Ensuite, vient l’engagement de faire tom ber les sté réo ty pes comme démar che inter cul tu relle qui devrait faire tom ber les bar riè res de l’ignorance et de mépris qui empê chent le dia lo gue et qui voile le visage de l’autre.
Mais, mais il faut aller encore plus loin: com bat tre l’idée d’être sim ple ment tolé rés dans une société, pour s’engager vers un dia lo gue reli gieux, ou dia lo gue inter re li gieux, qui soit véri ta ble ment du plu ra li sme inte rac tif.
La mon dia li sa tion nous con fronte à un plu ra li sme reli gieux inconnu des géné ra tions pré cé den tes, que nous ne devons pas sous-estimer, sans per dre nos points de repè res. En tant que citoyenne euro péenne, je pense que l’Europe est, en ce moment, comme un chan tier à ciel ouvert: on a l’impression d’entendre beau coup de bruit et on ne voit pas encore clai re­ment la con struc tion de la société à venir. Cer tai ne ment, nos diri geants euro péens se mon trent crain tifs sou vent à posi ti ver la richesse reli gieuse et à la défen dre par peur d’être accu sés d’obscurantisme. Mais en réa lité, pour nous, il exi ste la pos­si bi lité de s’engager dans un espace où tout est à con struire, et reven di quer en tant qu’acteur du dia lo gue inter re li gieux notre espace de par ti ci pa tion et de respon sa bi lité.
Bien que de nom breu ses socié tés euro péen nes soient deve nues de plus en plus laï ques au cours des trois der niers siè­cles, de facto, la reli gion demeure encore un aspect impor tant de la vie sociale et poli ti que. Les flux élevés de migra tion ont aug menté la diver sité eth ni que et reli gieuse, ils ont égale ment con duit les mino ri tés reli gieu ses à pren dre con science de leurs droits et à s’organiser dans la vie publi que, tout ceci en ren dant le pay sage cul tu rel et reli gieux inha bi tuel pour les auto ch to nes. S’ils ont, d’un côté, reven di qué la sécu la ri sa tion de l’Europe comme un pro grès, ils ont, de l’autre, com mencé à stig ma ti ser les reli gions des autres comme étant cel les de l’ennemi.
Dans de nom breux pays euro péens, ce phé no mène a, en plus de l’intolérance vis-à-vis des tra di tions reli gieu ses, aug­menté les risques de con flits sociaux. Par con sé quent, le dia lo gue inter re li gieux est d’abord un devoir pour les croyants, ensuite il doit deve nir, non un pro blème poli ti que incon tour na ble, mais un fac teur de réso lu tion de con flits.
Il ne faut pas seu le ment étudier les reli gions et le dia lo gue inter re li gieux, il faut com men cer par le bas, ana ly ser ce qui se passe dans les com mu nau tés loca les et voir com ment inté grer les dif fé ren ces. Nous pou vons appren dre à la classe poli ti­que qu’aujourd’hui une ville est pour nous, le lieu par excel lence pour com pren dre com ment met tre en œuvre et amé lio rer les poli ti ques de dia lo gue inter re li gieux. Nous avons le devoir de faire com pren dre à une majo rité crois sante d’européens que ce plu ra li sme reli gieux iné dit qui défi nit notre iden tité, n’est pas une menace, mais un défi à rele ver. Nous devons aban don ner le ton con de scen dant d’une tolé rance au con tenu éthi que le plus bas, et se lan cer dans un dia lo gue qui veut arri ver à accep ter ses diver si tés dans les écoles, sur les lieux de tra vail, etc.
Dans le dia lo gue inter re li gieux je pense que cer tai nes défis et stra té gies sont les mêmes que dans tout autre dia lo gue inter­cul tu rel. Tout d’abord, il faut le respect, com pren dre qu’il ne faut pas élimi ner tous les modes de vie des autres, et anéan tir leurs iden ti tés. Du point de vue reli gieux, il ne s’agit pas de créer une nou velle reli gion, sorte de syn cré ti sme, résul tant de tou tes les reli gions, pour obte nir l’harmonie entre les reli gions ou « la » reli gion par faite. Il faut faire vivre cha que reli gion. Le dia lo gue inter re li gieux est aussi un instru ment pour se con naî tre soi-même. Il repré sente une occa sion uni que pour se con naî tre, s’accepter tels que nous som mes. Il encou rage à réflé chir sur nos pro pres ori gi nes avant de juger les autres et leur foi.
La com pré hen sion des reli gions d’autrui peut aider aussi à l’élimination des pré ju gés et au com bat con tre le raci sme, pour cela le dia lo gue inter re li gieux n’est pas un sup plé tif de ren con tres entre acteurs socio-politiques, c’est autre cho ses bien sûr, qui ne peut pas rem pla cer les lois, mais qui a sa place dans le dia lo gue social.
Le raci sme ne va pas dispa raî tre faci le ment non plus, sim ple ment parce que les croyants se par lent ou tra vail lent ensem­ble. Cepen dant, un dia lo gue inter re li gieux plus large et plus pro fond, inquié tera davan tage, je le pense vrai ment, les raci­stes et les into lé rants de tout bord, car il réduit le ter rain de l’ignorance, qui est leur champ de cam pa gne élec to rale.
Il ne faut pas crain dre d’affirmer que le dia lo gue inter re li gieux peut :
– encou ra ger la prise de con science de la néces sité de lut ter con tre le raci sme ;
– four nir des éléments pour com pren dre les méca ni smes qui engen drent l’intolérance ;
– encou ra ger cha cun à réflé chir sur sa pro pre cul ture et sur l’interaction des dif fé ren tes cul tu res entre elles.
Le dia lo gue inter re li gieux est aussi l’instrument pour se con naî tre soi-même, il repré sente une occa sion uni que pour s’accepter tel que nous som mes. Il encou rage à réflé chir aux ori gi nes et au con texte dans lesquels nos cul tes se sont déve­lop pés.
Pour moi, la but du dia lo gue inter re li gieux dans une société mul ti cul tu relle est d’arriver à faire coha bi ter dans une même société ceux qui dans un passé loin tain étaient enne mis, et faire décou vrir dans le regard de l’autre son frère.

Un Commento a “I msacchini al convegno mondiale ex JECI/3”

  1. [...] I msacchini al convegno mondiale ex JECI/3 Par ti ci pa tion, mais aussi respon sa bi lité, il y égale ment cette autre don née pour une bonne gou ver nance, pour laquelle, nous pen sons qu'une action com mune doit être accor dée même au plus petit capa ble de trou ver un solu … [...]